Un groupe inconnu qui explose les compteurs

Un nouveau groupe de rock indépendant, The Velvet Sundown, accumule des centaines de milliers d’écoutes sur Spotify. Pourtant, tout indique qu’il s’agirait d’un groupe généré par intelligence artificielle — sans que cela soit précisé sur sa fiche d’artiste. Ce flou relance un débat essentiel : faut-il obligatoirement signaler les contenus générés par l’IA dans l’industrie musicale ?

Des indices troublants sur The Velvet Sundown

Depuis sa création le 20 juin, le titre phare du groupe, “Dust on the Wind”, a été écouté plus de 380 000 fois, et le groupe totalise déjà 474 341 auditeurs mensuels. Mais selon plusieurs utilisateurs de Reddit, ce succès cache une réalité algorithmique. Les soupçons sont nombreux : une photo de profil au style généré par IA, des membres fictifs (Gabe Farrow, Lennie West, Milo Rains, Orion Del Mar) introuvables sur le web, un compte Instagram rempli d’images irréalistes, une citation attribuée à Billboard introuvable dans les archives du magazine. Malgré tout cela, Spotify ne précise nulle part que le groupe est artificiel.

Deezer, seul acteur à afficher la transparence

Aujourd’hui, seule Deezer affiche une transparence sur le sujet. Depuis ce mois, la plateforme française a mis en place un système de détection et d’étiquetage automatique des morceaux générés par IA. Grâce à un algorithme maison, elle peut identifier les chansons créées via des outils comme Suno ou Udio. Selon Deezer, plus de 20 000 morceaux générés par IA sont ajoutés chaque jour sur sa plateforme. En avril, ces contenus représentaient 18 % du total des morceaux téléchargés, contre 10 % en janvier.

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Un autre groupe suspect : The Devil Inside

Autre exemple : The Devil Inside, un groupe virtuel mentionné dans l’émission Last Week Tonight de John Oliver. Son morceau “Bones in the River” a dépassé 1,6 million d’écoutes sur Spotify. Aucune mention d’auteur n’apparaît sur la page Spotify, mais sur Deezer, le titre est clairement identifié comme étant généré par IA, avec un crédit attribué à László Tamási, un musicien hongrois réel.

Les autres plateformes restent silencieuses

Aucune autre plateforme majeure — Spotify, Apple Music, Amazon Music ou Tidal — n’a encore mis en place d’étiquetage ni de filtre. Aucune réglementation ne les y oblige actuellement, et l’industrie musicale reste profondément divisée sur la question. Pour Alexis Lanternier, PDG de Deezer : “L’IA n’est ni bonne ni mauvaise. Une approche responsable et transparente est essentielle pour instaurer la confiance avec les utilisateurs et l’industrie.”

Une bataille juridique en arrière-plan

Le problème est également juridique. En 2024, plusieurs labels américains ont porté plainte contre Suno et Udio pour violation massive du droit d’auteur. En réponse, ces entreprises invoquent le “fair use” (usage équitable) pour entraîner leurs modèles à partir d’œuvres protégées.

Vers une crise de confiance dans le streaming musical

Alors que les morceaux générés par IA envahissent les plateformes, l’absence de signalement clair, de régulation et de reconnaissance officielle des auteurs risque de nuire durablement à la crédibilité des services de streaming. Si Deezer semble vouloir jouer la carte de l’intégrité, ses concurrents restent silencieux. Une chose est sûre : l’industrie musicale est à l’aube d’un changement radical, et les auditeurs méritent de savoir ce qu’ils écoutent réellement.

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