Appel à travailler non-stop qui crée la polémique

Tout est parti d’un message publié sur LinkedIn par Harry Stebbings, fondateur du fonds d’investissement 20VC. Il y affirme que les fondateurs européens doivent impérativement travailler 7 jours sur 7 pour espérer réussir et rester compétitifs face aux entrepreneurs chinois ou américains. Selon lui, seule une implication totale garantit le succès.

Une réaction immédiate et virulente de la part des entrepreneurs

Ses propos ont provoqué un tollé dans l’écosystème tech européen. Amelia Miller, cofondatrice de la plateforme Ivee, a qualifié cette idée d’extrêmement toxique. Elle affirme que ceux qui travaillent sans pause ne sont pas de meilleurs fondateurs, mais souffrent simplement d’un manque d’organisation. Elle ajoute que ce type de discours est excluant pour les parents ou ceux ayant des responsabilités personnelles.

Des investisseurs européens montent au créneau

Suranga Chandratillake, associé chez Balderton Capital et ex-CEO de Blinkx, a lui aussi critiqué ces appels à l’hyperproductivité. Il rappelle que même les athlètes de haut niveau ne courent pas sans arrêt, et que le repos fait partie du processus de réussite. Selon lui, glorifier le surmenage permanent est dangereux pour la santé mentale des fondateurs.

Une opposition entre modèles de travail

Ce débat révèle un clivage profond entre la culture européenne de l’équilibre et celle de la Silicon Valley ou de certaines entreprises chinoises qui valorisent les horaires extrêmes. Martin Mignot, partenaire chez Index Ventures, est allé jusqu’à applaudir le modèle chinois 996, soit travailler de 9h à 21h, six jours par semaine, un rythme pourtant illégal dans plusieurs pays.

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Des chiffres qui contredisent les stéréotypes

Contrairement aux idées reçues, les entrepreneurs européens ne sont pas fainéants. Une enquête du fonds Antler montre que 75 % des fondateurs européens travaillent plus de 60 heures par semaine et près de 20 % dépassent les 80 heures. Ces chiffres remettent en cause l’image d’une Europe manquant d’ambition ou de persévérance.

Le vrai enjeu n’est pas l’effort mais les ressources

Pour Suranga Chandratillake, le vrai problème est ailleurs. Il pointe du doigt le manque de financements en phase de croissance, bien plus que le manque d’heures travaillées. Il affirme qu’il existe des moments où l’intensité est nécessaire, mais qu’un rythme extrême permanent n’est ni viable ni sain.

Le mythe du fondateur invincible est dépassé

L’idée que seuls ceux qui sacrifient tout réussissent est désormais contestée. De plus en plus de fondateurs reconnaissent que la réussite vient aussi de la clarté mentale, de la délégation, et d’un bon équilibre de vie. Travailler sans pause n’est pas un gage de succès, mais un chemin rapide vers l’épuisement.

Vers un modèle européen plus humain et durable

L’Europe pourrait bien imposer un nouveau modèle de réussite, plus respectueux des personnes et plus équilibré. Plutôt que de copier les excès de la Silicon Valley, les fondateurs européens misent sur la vision à long terme, la stratégie, et la résilience. Le succès durable passe par la capacité à durer, et non à s’épuiser.

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